École d'été sur les matériaux pour l'environnement et la société : sciences et technologies pour un avenir durable

« Nous avons souhaité concevoir cette école dans le but d’aborder non seulement les aspects techniques des matériaux, mais aussi leur positionnement dans la transition écologique. L'objectif principal était de sensibiliser les étudiants des domaines de la chimie, physique, biologie à l'importance des sciences humaines et sociales dans la transition écologique et de les encourager à prendre du recul par rapport à leurs disciplines respectives », explique Valérie Caps, elle-même chercheuse en chimie verte et coorganisatrice de cette semaine de formation.

L’école avait ainsi une double ambition: refléter la variété des apports technologiques des matériaux dans la dépollution (de l’eau, de l’air, des sols), le recyclage, la restauration écologique et ancrer ces technologies dans un contexte sociétal plus large, en abordant des sujets tels que l'acceptabilité, l’éthique, l’engagement, la coopération entre disciplines, avec les acteurs du monde socio-économique.

« Nous avons convié des intervenants en sciences humaines et sociales déjà impliqués dans des projets interdisciplinaires sur l’environnement », ajoute la chercheuse. La première journée de l'événement a notamment été marquée par une conférence de Julien Delord (INSPE), enseignant-chercheur en philosophie, qui a exploré les défis de la soutenabilité de la transition écologique. La juriste Marie-Pierre Camproux-Duffrene (SAGE), a éclairé le rôle crucial du droit dans ce processus. L’économiste Anne Rozan (ENGEES) a mis en avant les leviers comportementaux, individuels et collectifs, qui peuvent être activés pour impulser le changement.

Chaque journée se terminait par un atelier conçu pour initier des discussions interdisciplinaires et mieux comprendre les conditions et les enjeux de l’interdisciplinarité. Le premier atelier portait sur la manière d’établir des liens entre les différentes disciplines et a souligné l'importance à la fois de dépasser les frontières disciplinaires et de s'impliquer en tant que chercheur auprès des divers acteurs de la société civile. « Penser collectivement à des problèmes complexes comme la transition écologique requiert en effet de dépasser les frontières entre disciplines, mais aussi entre scientifiques, décideurs, collectivités, entreprises et citoyens[1] », détaille Valérie Caps. Le deuxième atelier a porté sur les liens entre interdisciplinarité et transition environnementale au regard de l’interconnexion des objectifs de développement durable et le dernier sur les relations entre interdisciplinarité, connaissances situées, diversité et égalité . « Le concept de connaissances situées explique que les connaissances sont produites par des acteurs imprégnés de leur propre vision, dans un contexte donné. Les sciences ne sont donc pas neutres et la diversité des acteurs, approches, disciplines est d’autant plus primordiale pour permettre d’élargir cette vision et de lui donner du sens dans un contexte global », affirme la scientifique.

Cet esprit transdisciplinaire a été maintenu tout au long de l’école. Les présentations techniques intégraient en effet des réflexions sociétales, et des interventions en duo favorisaient le dialogue entre disciplines.  « La réussite de l’évènement, analyse Mélodie Galerne, manager de l’ITI, repose sur ce dialogue entre différentes disciplines. Les intervenant.es des journées plus techniques ont tous souligné les connexions entre leurs travaux de recherche et les autres disciplines ».

Parmi les moments forts, une session sur les socio-écosystèmes et les Zones Ateliers,[2] et la présentation d’un projet de recherche participative impliquant des élèves du primaire par Bénédicte Lebeau (IS2M) et Laurence Gondet (IPHC), ont illustré la collaboration entre chercheurs et société civile.

Autre temps marquant de cette semaine riche, une conférence grand public de Jérôme Santolini, chercheur engagé, intitulée « Etre scientifique aujourd’hui » dans le contexte de crises climatique, social et politique. « Nous avons travaillé en petits groupes avec des citoyens venus pour l’occasion sur ces questions de responsabilité et d’engagement du chercheur. Cela nous a permis de prendre du recul et de réfléchir ensemble à comment interagir pour que la science puisse accompagner la société utilement dans cette transition écologique », commente Valérie Caps.

L'école d'été s'est conclue par une table ronde où les étudiants ont restitué leur réflexion, partageant leurs apprentissages et leur engagement envers l'interdisciplinarité. Les retours ont été très positifs, montrant un fort niveau d'implication des jeunes participants, comme le souligne Mathilde Lescure, PhD : « Au-delà de l’aspect scientifique des interventions, un fort accent a été mis sur notre implication en tant que jeunes chercheurs pour la cause environnementale. Un apport nécessaire pour nous raisonner sur notre impact et notre mobilisation ; après avoir assisté à cette école d’été, nous ne pouvons plus envisager et aborder notre recherche de la même façon ».